Cheikh Al-Azhar au vice-président de l'Indonésie : « Notre monde islamique souffre d'un manque de coordination des efforts et d'une voix islamique unifiée impliquant à la fois les décideurs politiques et les religieux. »

Cheikh Al-Azhar au vice-président de l'Indonésie : « Les efforts visant à lutter contre l'islamophobie ne porteront leurs fruits que s'ils sont motivés par un véritable désir et une coordination entre les hommes politiques et les religieux. » 

Vice-président de l'Indonésie : « Nous coordonnons avec Al-Azhar dans la lutte contre l'islamophobie pour représenter la médianité de l'Islam dans le monde occidental. »

Le Dr. Ma‘ruf Amin, vice-président de la République d'Indonésie, a reçu Son Éminence le Cheikh Ahmad Al-Tayyib, le Grand imam d'Al-Azhar et Chef du Conseil des Sages Musulmans, au siège de la présidence indonésienne, pour discuter des moyens de renforcer la coopération conjointe dans la lutte contre la montée de l'islamophobie.

Le Dr. Ma‘ruf Amin a accueilli le Cheikh d'Al-Azhar en Indonésie, qu'il considère comme sa deuxième patrie, soulignant l'importance de la visite de Son Éminence. Il a noté l'affection et le respect profonds du peuple indonésien pour le Cheikh d'Al-Azhar et pour Al-Azhar en tant que référence religieuse et scientifique principale, ce qui constitue un élément clé de la relation entre l'Égypte et l'Indonésie. Il a également mentionné les efforts de son pays pour améliorer les relations académiques avec Al-Azhar en créant un bureau de développement de l'enseignement pour les étudiants étrangers en Indonésie, afin de préparer les étudiants indonésiens avant leur départ pour étudier à l'Université d'Al-Azhar. Le Dr. Ma‘ruf Amin a souligné que l'Indonésie accorde une grande importance à ses étudiants Azharites, les considérant comme la base des futurs oulémas et leaders de la société.

Le vice-président indonésien a exprimé son appréciation pour les efforts déployés afin de coordonner la coopération entre la Maison de la Zakat et des Aumônes Égyptienne - la branche caritative d'Al-Azhar - et l'Agence de Zakat et des Dons indonésienne, notamment en ce qui concerne la préparation des convois d'aide humanitaire et de fournitures de secours destinés à Gaza. Il a souligné le soutien de l'Indonésie aux droits du peuple palestinien, ce qu'elle exprime par la sensibilisation aux souffrances des Palestiniens à Gaza, en mettant en lumière la répression, le déplacement, l'injustice, les meurtres et les massacres, et en les présentant dans divers forums internationaux.

Le vice-président indonésien a souligné la nécessité de continuer à travailler avec Al-Azhar et le Conseil des Sages Musulmans pour présenter la véritable image de l'islam à l'échelle mondiale, surtout à une époque où l'Islam est faussement accusé de promouvoir la violence et l'extrémisme. Il a insisté sur l'importance de faire connaître la modération et la tolérance de l'Islam, de clarifier sa véritable nature aux jeunes occidentaux et de réfuter les fausses accusations à son sujet. Il a également mis en garde contre la grave menace que représente la montée de l'islamophobie dans les pays occidentaux pour la sécurité et la stabilité des communautés musulmanes.

De son côté, Son Éminence le Grand imam a affirmé l'engagement constant d'Al-Azhar à promouvoir la médianité de l'Islam. Il a souligné que l'Institut et le Conseil des Sages Musulmans ont organisé des dialogues entre l'Est et l'Ouest, des conférences mondiales sur la place de la femme dans l'Islam, ainsi que d'autres conférences visant à promouvoir l'utilisation du terme « citoyenneté » plutôt que « minorités », ce qui favorise l'autonomisation et l'égalité entre tous, sans distinction de religion, d'origine, de sexe ou de couleur. Il a également présenté le concept d'intégration positive entre tous les citoyens d'un même pays, en citant l'exemple de la première communauté islamique fondée par le Prophète de la miséricorde, qui a uni les émigrés et les Ansars, et établi le premier document garantissant les droits de tous, la « Constitution de Médine ». Ce document constitue une position purement islamique sur la nature des relations entre musulmans et non-musulmans, fondée sur le respect, l'amitié, la coexistence et l'intégration.

Le Cheikh d'Al-Azhar a souligné que le monde islamique manque de coordination entre ses pays et institutions, et qu'il est nécessaire de formuler une voix islamique unifiée qui reflète ses défis et ses crises, impliquant à la fois les décideurs politiques, les religieux et les penseurs. Il a averti que, malgré l'ampleur des efforts déployés, ceux-ci ne seront efficaces que s'ils sont motivés par un véritable désir de changement, ce qui ne peut être accompli qu'à travers une coopération et une coordination complètes entre toutes les parties. Il a également mis en garde contre les conséquences de l'exclusion de certaines parties, qui n'a conduit qu'à une fragmentation accrue et à une perte de direction pour le monde islamique en matière de progrès et de prospérité.