Le Cheikh d’Al-Azhar a déclaré : « Il nous incombe de faire preuve de bienséance envers notre noble Prophète ; il ne convient pas de l’appeler par son nom seul.

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Le Grand Imam souligne : « L’invocation d’un enfant vertueux pour ses parents constitue une aumône dont la récompense sera ininterrompue (ṣadaqa jāriya).  Allah suscite, au sein de cette communauté, ceux qui la protègent des sombres nuées menaçantes qui affluent de l’Occident. Nous devons rester vigilants quant à ce que nos enfants reçoivent à travers les moyens modernes, qui commencent à altérer et à déformer leur pure nature originelle. »

Le Grand Imam a précisé que le terme « duʿā’ » (invocation) a plusieurs significations dans le Coran. Dans son sens linguistique, il désigne la demande. Lorsqu'elle émane d'un supérieur à un inférieur, elle prend la forme d'un ordre ; lorsqu'elle vient d'un inférieur à un supérieur, elle devient une supplication ; et lorsqu'elle est échangée entre deux personnes d'un rang équivalent – d'un serviteur à un autre –, elle prend la forme d'un appel ou d'une requête. Il a souligné que la forme grammaticale du duʿā’ est, dans tous les cas, celle de l’impératif (amr), même lorsqu’il s’adresse du serviteur à son Seigneur. C’est le cas dans des invocations coraniques telles que : « Seigneur, pardonne-nous » [رَبَّنَا اغْفِرْ لَنَا], ou encore « Seigneur, accorde-nous une belle part ici-bas » [رَبَّنَا آتِنَا فِي الدُّنْيَا حَسَنَةً]. Dans ces exemples, « pardonne » (اغفر) et « accorde » (آتِنا) sont, sur le plan grammatical, des impératifs. Mais cette forme ne reflète ici que la structure linguistique ; le sens réel est celui d'une invocation ou d'une demande empreinte d’humilité. Inversement, lorsqu’un impératif émane d'un supérieur à un inférieur, il s’agit bel et bien d’un ordre. En revanche, entre deux égaux, l’usage de l’impératif n’a pas valeur de commandement : on parle alors d’un appel équivalent. L’ordre véritable n’émane, a-t-il précisé, que d’une autorité supérieure à une inférieure — en d’autres termes, seul Allah peut véritablement ordonner à Ses serviteurs ; c’est pourquoi, entre égaux, l’impératif relève d’un usage figuré ou ambigu.

Dans le 26e épisode de l’émission « Al-Imām Al-Tayeb », l’Imam Ahmed Al-Tayeb a expliqué que le terme « duʿā’ » dans le verset : « Ne faites pas appel au Messager comme vous vous appelez les uns les autres » [Sourate Al-Nūr, 63] signifie ici l’appel ou l’interpellation.   Il a précisé que certains compagnons appelaient le Prophète simplement par son nom, et qu’Allah leur a fait comprendre qu'il convenait de faire preuve de respect en sa présence, car le Prophète possède une dignité particulière. Il est le dépositaire de la Révélation, comme en témoigne la parole d’Allah : « Dis : je ne suis qu’un homme comme vous, à qui il a été révélé. » [Sourate Al-Kahf, 110] Et c’est justement cette Révélation qui élève le Prophète ﷺ au rang de l’Homme accompli.  L’imam Al-Tayeb a souligné que lorsque l’on médite sur la noble biographie du Prophète, on comprend que nul autre être humain ne pourrait endurer ce qu’il a enduré, ni offrir ce qu’il a offert. Il n’est parvenu à un tel degré d’excellence que parce qu’Allah – exalté soit-Il – l’a formé, éduqué et purifié, comme il  ﷺ l’a lui-même dit : « Mon Seigneur m’a éduqué, et Il a parfait mon éducation. » Une telle personnalité, a poursuivi l’imam, mérite que ceux qui l’entourent connaissent sa valeur et l’appellent avec révérence, non pas par son nom propre, mais en disant « Ô Messager d’Allah » ou « Ô Prophète d’Allah ».

Son Éminence l’Imam Al-Tayeb a souligné la nécessité d’observer les nobles manières de l’Islam lorsqu’on s’adresse à une personne plus âgée ou de rang supérieur :  il ne faut pas l’appeler par son nom seul, mais le précéder d’une formule de respect telle que « Votre Excellence », « Monsieur », ou toute autre expression de considération et de déférence. Il a relevé une baisse soudaine et inquiétante du niveau d’éducation, tant au sein des foyers qu'à l'école, à laquelle s’ajoute l’influence néfaste des médias que consomment nos enfants aujourd’hui. De plus, les nouveaux outils électroniques envahissent leur quotidien, perturbent leur nature pure, altèrent leur instinct et leur imposent des comportements étrangers à nos traditions et à l’éthique islamique. Cependant, malgré tout cela, Allah – exalté soit-Il – continue d’envoyer à cette communauté des âmes protectrices, capables de la préserver de ces nuées sombres et menaçantes qui déferlent sur elle depuis l’Occident.

À propos de la circonstance de la révélation du verset : « Et quand Mes serviteurs t’interrogent sur Moi… alors Je suis tout proche. Je réponds à l’appel de celui qui M’invoque lorsqu’il M’invoque » [Sourate Al-Baqarah, 186], l’Imam Al-Tayeb a expliqué que ce verset a été révélé en réponse à une question des compagnons du Prophète ﷺ, qui lui demandèrent : « Notre Seigneur est-Il proche, pour que nous Le murmurions à voix basse, ou bien lointain, pour que nous L’appelions à haute voix ? »  Il a précisé que le terme « proche » ne désigne ni une proximité de lieu ni de nature, mais plutôt une proximité de science, d’écoute et de miséricorde. Il a ajouté qu’Allah aime que Ses serviteurs se tournent constamment vers Lui par l’invocation, non pas parce que Son essence divine aurait besoin de notre obéissance ou souffrirait de notre désobéissance – car ni l’obéissance, ni la désobéissance ne profitent à Allah –, mais parce que les attributs divins, tels que la générosité, le pardon et la miséricorde, appellent le serviteur à L’invoquer sans cesse, dans l’espoir de recevoir Sa clémence, Son pardon et Sa miséricorde.
Son Éminence a conclu en soulignant la différence entre l’invocation (duʿā’) et le tasbīḥ : l’invocation fait partie du rappel d’Allah (dhikr), tandis que le tasbīḥ est une forme de louange, d’exaltation et de sanctification d’Allah – glorifié soit-Il. Il a rappelé que l’invocation devient une aumône continue (ṣadaqa jāriya) lorsqu’elle émane d’un enfant vertueux, conformément à la parole du Prophète ﷺ : « Lorsque le fils d’Adam meurt, ses œuvres s’interrompent sauf dans trois cas : une aumône continue, un savoir dont on tire profit, ou un enfant vertueux qui invoque pour lui. » Ainsi, la prière du fils pieux est une ṣadaqa jāriya dont la récompense revient au parent défunt, qu’il s’agisse du père ou de la mère. L’Imam a enfin exhorté ceux qui invoquent Allah à mettre toute leur confiance en Lui, à se présenter devant Lui avec le cœur rempli de certitude qu’il n’existe d’abri, de refuge ni de secours en dehors de Celui qu’ils invoquent, et que toutes les autres créatures – fussent-elles nombreuses – ne peuvent ni leur nuire ni leur être bénéfiques, car elles ne sont que des serviteurs comme eux.

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