15 février 2017 après JC

Pleine citoyenneté et intégration positive

Le terme « minorités musulmanes » est un intrus dans notre culture musulmane, et Al-Azhar l’a évité dans ses discours, et dans ses documents et déclarations. Il s’agit d’un terme qui porte en soi les germes d’un sentiment d’isolement et d’infériorité, et prépare le terrain aux germes de la discorde et de la désunion. En fait, ce terme confisque – d’emblée – à toute minorité beaucoup de ses droits religieux et civils.
     Autant que je sache : notre culture musulmane ne connaît pas ce terme, mais plutôt le renie et le rejette, et à sa place, elle connaît mieux le sens de « pleine citoyenneté » comme il est stipulé dans le « document de Médine ».
     En fait, en Islam, la citoyenneté signifie les droits et les devoirs dont jouit tout citoyen, selon les fondements et les normes qui réalisent la justice et l’égalité, puisque l’Exalté dit : « Certes, Allah commande l’équité, la bienfaisance et l’assistance aux proches. Il interdit la turpitude, l’acte répréhensible et la rébellion » Sourate An-Nahl (les abeilles : verset 90). Selon ce principe, les concitoyens ont le droit de jouir de ce dont nous jouissons, et d’assumer ce dont nous devons assumer.
     Par exemple, dans la Grande-Bretagne, un citoyen musulman est un citoyen britannique avec plein droit et devoirs, de même qu’un chrétien égyptien. Dans ce sens, il n’est pas question d’utiliser le terme « minorité » qui traduit la discrimination et la différence.
     A ma foi, la consolidation de « la jurisprudence de citoyenneté » chez les musulmans d’Europe – et d’autres sociétés aux identités et cultures multiples – est une étape nécessaire sur la voie de « l’intégration positive » à qui nous avons appelé dans plus d’une capitale occidentale. Car elle permet de préserver l’intégrité et la cohésion de patrie, de consolider l’enracinement de l’appartenance, qui est à la base de l’unité de la société, de favoriser l’acceptation de la diversité culturelle et de la coexistence pacifique. De même, elle élimine les sentiments d’aliénation qui conduisent à la déchirure de l‘identité nationale, la loyauté et l’hésitation d’un sentiment d’une aliénation entre une patrie où il vit sur son sol et se nourrit de ses biens, et une autre sorte de loyauté imaginée dont il fait semblant de s’y refugier ; pour fuir d’un sentiment harcelant lui inspirant qu’il fait partie d’une minorité menacée.
     Il est inévitable pour nous – sous les régimes contemporains – d’œuvrer pour établir la jurisprudence de la citoyenneté dans les esprits et les cultures des musulmans, car c’est la forteresse impénétrable contre les prétextes coloniaux qui ont pris l’habitude d’employer le terme de « minorités » dans les conflits politiques et les ambitions de domination et d’expansion, et pose la question des « minorités » comme arme efficace dans la fragmentation dont dépend le néocolonialisme.
     Le vrai concept de citoyenneté ne se limite pas à la différence de religion ou de doctrine, mais tout le monde est égal en droits et en devoirs, et égal, aussi, devant la loi dans l’Etat. Tous les citoyens doivent défendre cette patrie et assumer l’entière responsabilité.
 

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